Le succès du freelancing ne se dément pas. En quête de sens, de plus en plus de travailleurs tournent le dos au monde du salariat pour se lancer dans l’aventure, plus incertaine, de l’entreprenariat en tant que freelance. Pourquoi ce choix est-il rarement regretté ?
Ils sont consultants, graphistes, développeurs… Des métiers très demandés par les entreprises, qui s’arrachent parfois ces profils à prix d’or… Et pourtant, ils ont fait un autre choix que celui du sacro-saint CDI, préférant au statut de salarié celui, plus incertain, de freelance. Pour quelles raisons ? Avec quel succès ? Une étude menée par CEGELEM en partenariat avec Les Echos Etudes nous en apprend davantage sur les atouts du freelancing et, surtout, les conditions pour réussir sa reconversion. L’institut a interrogé 270 freelances et 100 entreprises collaborant avec des indépendants. Une enquête d’ampleur, qui permet de dresser le portrait-robot des freelances d’aujourd’hui et d’analyser les nouveaux enjeux du freelancing en France.
Le portage, un statut qui fait la différence
Premier enseignement de l’enquête, le statut de freelance séduit des travailleurs aux profils très variés. Ils exercent dans tous les secteurs d’activité. Parmi les plus représentés, on trouve les métiers de :
- consultant
- graphiste et designer
- mandataire immobilier
- développeur informatique.
Côté parité, près de 60% d’entre eux sont des hommes, un poids plus important que dans la population active. Ils sont aussi plus âgés, avec une moyenne de 49 ans, contre 41 ans pour les actifs. Près d’un freelance sur deux a même plus de 50 ans. Le freelancing séduit ainsi une part importante de travailleurs hautement qualifiés, qui se lancent dans le travail indépendant pour proposer des expertises pointues.
L’étude pointe également la multiplicité des statuts juridiques choisis par les freelances. Celui de la micro-entreprise, adopté par 44% des indépendants sondés, est de loin le plus répandu. Mais ils sont aussi un tiers à avoir choisi l’entreprise individuelle et 13% à s’être constitués en société, signe que cette population se structure aujourd’hui. Enfin, 2% des travailleurs indépendants ont opté pour le portage salarial. Un poids qui traduit une méconnaissance de ce régime juridique par les travailleurs indépendants. L’enquête révèle ainsi qu’un tiers des indépendants connaissent très mal, voire pas du tout, le portage salarial. Pourtant, ce statut permet de concilier les avantages du travail indépendant et ceux du salariat, en offrant aux salariés portés une protection sociale et la gestion des tâches administratives.
Devenir freelance pour être en phase avec ses aspirations
Autre point clé de l’enquête, le statut de freelance, loin d’être contraint, relève avant tout d’un choix personnel. Et ce qu’apprécient tout particulièrement les travailleurs indépendants c’est l’autonomie et la liberté qu’offre ce mode de travail, avant même les considérations financières. Interrogés sur les raisons qui les ont poussés à devenir indépendants, six freelances sur dix mettent en avant la possibilité de pouvoir aménager librement leur temps de travail. C’est la première motivation avancée, devant le fait de pouvoir choisir ses propres clients et ses propres missions, citée par 45% des répondants. Presqu’autant (42%) ont fait ce choix pour ne pas à avoir subir la hiérarchie. Ils sont également 27% à avoir privilégié ce mode de travail pour choisir leur lieu d’activité. Finalement, l’attente d’une meilleure rémunération n’est entrée en ligne de compte que pour moins d’un freelance sur quatre.
Ces résultats montrent à quel point le freelancing est au cœur des nouveaux enjeux du monde de travail. Car ces dernières années ont été marquées par un changement profond dans le rapport au travail et les attentes des salariés. Alors que la question du sens au travail ne s’est jamais faite aussi centrale, de nombreux professionnels manifestent leur envie de travailler autrement, de manière plus utile, éthique et autonome. Parfois, en allant même jusqu’à démissionner pour expérimenter une nouvelle voie et avoir une activité davantage en phase avec leurs aspirations et leurs valeurs. Signe que ces mutations s’affirment comme des tendances de fonds, les tensions sur l’emploi restent vives, malgré le contexte économique plus difficile.
Pour un nombre croissant de travailleurs, le freelancing offre ainsi l’espoir de trouver une activité professionnelle plus épanouissante, et de meilleures conditions de travail. Il séduit notamment les jeunes générations, qui aspirent moins que leurs aînés à un modèle de carrière linéaire, et recherchent un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Les statistiques de l’enquête reflètent ce renouvellement de générations : 31% des freelances sondés se sont lancés comme indépendants il y a moins de 5 ans et même 6% il y a moins de 2 ans. Et ce n’est pas hasard si la crise sanitaire a, pour beaucoup, servi de catalyseur : 44% des freelances en activité depuis moins de deux ans estiment que la pandémie a joué un rôle clé dans leur décision.
Mais ce que l’on retiendra surtout, c’est que quelle que soit leur ancienneté, les freelances regrettent rarement leur choix. L’étude souligne ainsi que 85% des freelances sont satisfaits de leur situation. La moitié d’entre eux est même très satisfaite. Un taux très élevé, même si se lancer comme freelance est un parcours souvent semé d’embûches…
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